F. L. : Les empreintes de l’enfance n’ont pas disparu, il y a encore des blessures, mais ce ne sont plus elles qui me font agir. Sur le négationnisme non plus, je ne peux pas me taire. Vous savez, j’ai déjà raconté cela lors d’une conférence. B. C. : Cette notion d’animal-machine a fait beaucoup de mal aux animaux. Mais je voudrais situer le problème de manière plus sociologique. »Par Frédéric Lenoir, philosophe et écrivain. Directrice en charge de la levée de fonds auprès des anciens élèves de Sciences Po dans les années 2000, elle occupait précédemment un poste de conseiller au sein du cabinet du Ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche. Et on le voit très bien dans les sociétés traditionnelles : si vous êtes homosexuel, par exemple, c’est parfois la peine de mort ; si vous ne partagez pas les croyances religieuses dominantes, c’est l’exclusion. Frédéric Lenoir a beaucoup travaillé pour atteindre cette sérénité si précieuse pour affronter les fragilités de la vie. En revanche, j’ai des amis qui, eux, en ont perdu plein, parce qu’ils ont toujours l’impression qu’on les agresse. Et pour moi, c’est à la fois une régression et un progrès. On l’a d’ailleurs sur tout ! « Comment la méditation constitue un jeûne de l'esprit ? Il ne s’agit pas de se résigner au mal. À partir de 1996, il collabore à L'Express et tient une chronique dans Psychologies magazine avant de prendre, en 2004, la direction du magazine Le Monde des religions, un bimestriel édité par Malesherbes Publications, filiale du groupe La Vie-Le Monde. » Je ne me mets pas en question. En fait, aujourd’hui, j’ai 81 ans, et je continue à poursuivre les mêmes rêves. Présentation. » Parce que pour elle, quand on fendait l’animal, il avait juste un réflexe, c’est pour cela qu’il criait, ce n’était pas une souffrance. B. C. : Kant pense que le bonheur est un idéal de l’imagination et non pas de la raison. J’ai commis un petit ouvrage sur le sujet pour essayer de voir comment on peut penser aujourd’hui le lien entre l’homme et l’animal, dans lequel je cite souvent Boris Cyrulnik. Boris Cyrulnik est éthologue et moi, d’un point de vue philosophique, c’est une question qui me passionne. Mon moyen de dépasser mes émotions, c’est d’agir. Selon un classement de l'institut GfK en 2016, il est l'intellectuel français qui a vendu le plus de livres au cours des cinq dernières années[5]. Ici il évoque la vie … Quand je lui lis Lacan, il couche toujours ses oreilles et remue la queue. – Sagesses pour notre temps, livre d’entretiens issus l’émission Les Racines du Ciel, diffusée sur France Culture de Frédéric Lenoir et Leili Anvar, Albin Michel, mars 2016. B. C. : Les Américains, en réalité, acceptent toutes les religions, mais ils n’acceptent pas que l’on soit sans religion. Le livre est constitué de cinq tableaux illustrant le thème de la quête du sacré qui « en fin de compte, se lit plus dans un visage ou un paysage qu’à travers des mots. Cette nomade, gardienne de troupeaux, aimait l'espace infini du ciel, comme elle aimait l'étendue des steppes de Mongolie dans lesquelles elle avait presque toujours vécu. Je n’ai pas été en colère, mais K.O. B. C. : Je suis pathologiquement non coléreux. Frédéric Lenoir travaille souvent en binôme avec une femme, ce qui en fait sourire certains, et gagne maintenant beaucoup d'argent. Je voudrais prendre un exemple lié à une tragédie : l’histoire d’Etty Hillesum, cette jeune femme néerlandaise qui a été déportée. Mais vous savez, si je crois que la lucidité est nécessaire, elle ne conduit pas nécessairement au nihilisme et au pessimisme. Mais pour poursuivre cette question littéraire, c’est vrai qu’il y a une tradition intellectuelle française, depuis le XIXe siècle – je dirais de Flaubert, voire de Voltaire, à Luc Ferry – qui considère que le bonheur est quelque chose d’idiot. Frédéric Lenoir est un écrivain, philosophe et conférencier français né à Madagascar en 1962. Avant, c’était un sale gosse, difficile à supporter, même pour sa mère. – Dieu, livre d’entretiens de Frédéric Lenoir avec Marie Drücker, Robert Laffont, octobre 2011. Il fallait aussi que j’acquière un métier stable. Frédéric Lenoir va sortir un livre sur l’apprentissage de la philosophie par les enfants. Frédéric Lenoir découvre la philosophie par l'intermédiaire de son père René Lenoir (secrétaire d’État à l'Action sociale de 1974 à 1978 sous Valéry Giscard d'Estaing) qui lui donne à lire Le Banquet de Platon à 13 ans. J’ai moi-même lu presque tous les livres de Boris Cyrulnik, et ils m’ont beaucoup aidé dans mon cheminement intellectuel. Et si on laisse la mère seule avec son malheur, il y aura une forte probabilité que l’enfant interprète mal les coups de la vie. Quand j’étais étudiant en médecine, on apprenait à disséquer sur une petite planche en bois à partir d’animaux vivants, et on devait les fendre du sternum jusqu’au pubis. Et donc quand j’ai dit que je comptais faire des études, les gens ont éclaté de rire. On n’oublie pas l’enfance douloureuse, mais on s’appuie sur autre chose. Quand j’étais jeune, une femme qui mettait au monde un enfant, quel que soit son milieu social, la précarité de sa situation, était entourée. On a effectivement perdu nos enracinements. De 2009 jusqu'en 2016, il devient producteur et animateur de l'émission Les Racines du ciel sur France Culture avec Leili Anvar, une émission consacrée à la spiritualité, qu’il décide d’arrêter pour se consacrer entièrement à l’écriture et à ses engagements associatifs. B. C. : Je le pense. B. C. : Je n’éprouve pas cela comme une déception, plutôt comme un deuil. Je n’ai donc pas peur de la fragilité à venir, de la vieillesse. Or, au même moment, tous les soirs, un Allemand en uniforme noir – logiquement, c’était un SS – venait s’assoir à côté de moi, me parlait en allemand et me montrait des photos d’un petit garçon qui avait mon âge. » Mais cette ouverture sur la spiritualité, qui donne cette confiance aux Américains, je me demande si ce n’est pas aussi un risque de totalitarisme : c’est-à-dire qu’il n’y a qu’une seule manière d’être humain, c’est la leur, et tous ceux qui ne pensent pas comme eux ne sont pas de vrais êtres humains. Et donc si on est intelligent, on ne peut pas être heureux ou soutenir l’idée du bonheur. ePub Un bonheur absolu, total, n’existe pas sur terre. Le défi qui nous est donné, qui est inédit dans l’histoire de l’humanité, c’est d’arriver à supporter cette liberté en apprenant à recréer des lieux de communion. Et par ces souvenirs, elle continue d’exister, d’être dans mon cœur. Quand on arrive au monde, on est soumis à la niche sensorielle qui nous entoure, c’est-à-dire essentiellement celle de nos parents, de notre foyer. Et quand quelqu’un, un ami, fait un acte qui me déplaît, je me pose plutôt la question « qu’est-ce qui le fait souffrir ? Mais je pense qu’on a, en effet, quitté la religion pour aller vers la spiritualité. Cette réunion s’est faite avec une trentaine d’amis, des glorieux, des moins glorieux. Mais la douleur n’est pas incompatible avec la sérénité. Le Choix de l’école : contribuer à la valorisation du métier d'enseignant. Mais l’isolement, ce n’est pas la solitude. J’ai envie de parler avec eux. Et je l’ai perdue. Elle pense à la mort, ne veut plus lutter… Et elle nous raconte : « J’ai cessé de souffrir quand j’ai vu le bleu du ciel, en hiver, à Ravensbrück. J’ai éprouvé, en pleine souffrance, la beauté de ce ciel. Un jour, une jeune prof s’est approchée de moi, je lui dis : « Si je le fends, il va souffrir ! F. L. : Je vais vous dire pourquoi je parle du bonheur… c’est parce que j’étais malheureux ! F. L. : Cela rejoint ce que disent Épictète et Bouddha : « Ce n’est pas la réalité qui peut nous faire souffrir, c’est la représentation que nous en avons. ●. Il sort du dualisme cartésien, de l’opposition entre culture et nature… Grâce à Frédéric Lenoir, j’ai lu et compris Spinoza ! Code ISBN / EAN : La photo de couverture n’est pas contractuelle. Mais la sérénité de la jeune femme est rapidement troublée par une série de meurtres sur le chantier d'un de ses collègues à Pompéi et l'étrange Boris Cyrulnik, c’est une enfance rescapée des rafles, et l’invention d’un concept, celui de résilience. J’aspirais à la sérénité et à la joie. En 1986, il entame à l'École des hautes études en sciences sociales (EHESS) une thèse de doctorat en sociologie sur la rencontre du bouddhisme et de l'Occident qu'il obtiendra avec les félicitations du jury à l'unanimité en 1999[10]. Dans les plus contemporains, j’irais plutôt vers Houellebecq : je suis radicalement différent de lui, mais j’adore le lire. C’est en partie vrai, c’est en partie faux. Regardez la différence entre l’Europe et les États-Unis. Il y a plein de petites choses, chaque jour. Frédéric Lenoir est parti sur les traces du sacré à travers le monde, en quête de cette expérience mystique universelle. Comment affirmer cela quand on les voit hurler, se débattre, gesticuler ? Je suis très impatient, par exemple, j’ai encore des moments où je ne supporte plus d’être dans une file d’attente : qu’est-ce que c’est bête de s’énerver pour ça ! Peut-on le lui reprocher? avec Ysé Tardan-Masquelier (Sous la direction de) : « Les Rose-Croix, entretien avec Frédéric Lenoir ». F. L. : D’abord, j’ai en partie élevé les enfants des femmes qui ont accompagné ma vie depuis une trentaine d’années. Les enfants qui passent trop de temps devant les écrans augmentent considérablement le risque de dépression. 1.7 – L’essentiel est invisible pour les yeux. Frédéric Lenoir, philosophe, sociologue, écrivain, publie en cette fin d’année un superbe ouvrage reprenant les photos et le récit de son voyage autour du monde. F. L. : Je rejoins complètement ce que dit Boris sur l’importance de la relation affective qui se délite dans nos sociétés. C’est aujourd’hui un homme de 81 ans, qui paraît éternellement jeune, et empli de cette sagesse, profonde et généreuse. Un enfant qui a grandi de manière sécurisante saura mieux affronter les difficultés par les représentations du bonheur qu’il aura eues grâce à son éducation. Dans cette partie de “L’Âme du Monde”, Frédéric Lenoir met les 7 sages à l’épreuve.En effet, conscients que les choses qui les séparent sont plus évidentes que celles qui les rassemblent, les sages se sentent dans l’impasse. En France, il y a eu un déni culturel. Ça commence par le bleu du ciel, le café ou le thé que l’on boit le matin, le vent que l’on ressent sur sa peau… Je pense que si on « conscientise » et on additionne tous ces petits plaisirs, on vit mieux, notamment les insatisfactions qui nous arrivent. Frédéric Lenoir, né le 3 juin 1962 à Tananarive (Madagascar) , est un sociologue, écrivain, journaliste et conférencier français, docteur de l'École des hautes études en sciences sociales. J’ai compris qu’il me montrait des photos de son fils, et qu’il voulait me parler de lui, peut-être parce que j’avais son âge ou que je lui ressemblais. Aux 4 coins de la planète, à travers des lieux emblématiques, l'écrivain et philosophe Frédéric Lenoir nous emmène à la découverte des héritages sacrés de notre monde. J’irai alors puiser dans cette représentation de quoi m’aider, de quoi m’en sortir. ... Comme d'habitude Frédéric Lenoir nous emporte sur les chemins de la pensée sans qu'on y prenne garde. La basilique de Vézelay : une des plus anciennes églises dédiées à Marie-Madeleine, la pécheresse des Évangiles. Protagoniste du film documentaire « Le Cercle des petits philosophes » réalisé par Cécile Denjean, diffusé sur France 2 en février 2018 puis adapté et sorti au cinéma le 17 avril 2019, 2004 : Le Prix européen des écrivains de langue française pour, 2004 : Prix des maisons de la presse pour le roman, 2008 : Prix « Livre et droits de l’homme » pour, décembre 2012 : Prix Saint-Augustin pour le dialogue inter-religieux en Méditerranée en tant que directeur de la rédaction du, janvier 2013 : Prix Arturo Carlo Jemolo de Turin pour l'ensemble de son œuvre et en tant que directeur de la rédaction du, avril 2013 : Prix de l'excellence économique (meilleur essai économique 2012). B. C. : Cela commence même dès la grossesse. Vous continuez à vous nourrir de cette joie et de cet amour. À cette époque, il découvre également la pensée de Carl Gustav Jung qui marquera son parcours intellectuel[8]. Quand j’ai entendu le premier discours du genre, ça m’est tombé sur la tête. Si j’aime Spinoza, c’est parce que cet homme-là dit mieux que moi tout ce que j’ai compris de la vie ! Que fait-on quand on perd un être cher ? Si vous avez aimé « l’alchimiste » de Paulo Coelho, ce livre initiatique de Frédéric Lenoir vous enchantera. B. C. : Maintenant, avec les neurosciences, on raisonne de plus en plus en termes de probabilités. B. C. : Vous avez employé le mot « empreinte », qui est assez juste. La dernière modification de cette page a été faite le 13 novembre 2020 à 21:02. La médecine, pour un enfant d’immigré, c’est se faire accepter, c’est se faire accueillir par une société qui ne m’avait pas accueilli, au départ. Rencontre Frédéric Lenoir : “La marche en pleine nature initie au sacré” Frédéric Lenoir, auteur de livres sur les religions, la sagesse et la joie, a parcouru le monde sur « les chemins du sacré » pour Arte. Je crains moins ce qui m’attend que ce que j’ai surmonté. Parce que son parcours est extrêmement touchant, fort. Frédéric Lenoir, né le 3 juin 1962 à Tananarive (Madagascar)[1], est un sociologue, écrivain, journaliste et conférencier français, docteur de l'École des hautes études en sciences sociales. La vie a donc été douloureuse et très vite, vers 7-8 ans, je me suis interrogé pour savoir comment être heureux, comment trouver ma place sur terre, comment donner un sens à ma vie. Une « bonne heure », c’est vrai, de temps en temps, ça m’arrive. Mon éditrice, Odile Jacob, pour mes 80 ans, m’a fait la même proposition… J’ai téléphoné à des amis d’enfance, à d’autres, plus récents. Mais pour moi, la colère se transforme toujours en action. Et cette image d’ambivalence – quelqu’un qui voulait me tuer, mais qui venait me parler gentiment – m’a beaucoup protégé. Sans personne avec qui partager ma souffrance, personne pour me sécuriser, cela va être beaucoup plus difficile de dépasser ce malheur. Parce que l’intelligent est celui qui voit tout ce qui va mal. » J’ai d’autres exemples en tête, comme celui de cette femme, que j’ai connue alors que j’étais encore praticien, qui perd son fils de 14 ans d’un lymphome fulgurant, et qui me dit, au lendemain de son décès : « L’année qui vient de s’écouler a été la plus belle histoire d’amour de ma vie. Je vais mettre en mémoire cet instant, je vais en retenir une représentation. Full Story. Et là aussi, c’est un progrès : on a besoin de spiritualité. Même dans les pires situations, j’ai tendance à penser que l’on me veut du bien. Boris Cyrulnik : Lorsque j’ai fait la connaissance de Frédéric Lenoir pour la première fois, j’ai trouvé que l’on se parlait de manière très décontractée, spontanée, sans superficialité aucune, comme cela peut arriver dans ce genre de rencontres. En plus de ça, Frédéric Lenoir, qui est un grand spécialiste de Spinoza, m’a réconcilié avec ce philosophe, ce qui, après ma fâcherie avec Descartes, était bienvenu…. C’est vrai que nous avons des représentations tout à fait imaginatives du bonheur, et qu’il peut y avoir une très grande part d’illusion dans le bonheur. Ce chemin est passé par 15 ans de thérapie, et par un apprentissage philosophique et spirituel. Auteur d’une cinquantaine d’ouvrages vendus à plus de 7 millions d’exemplaires dans le monde, Frédéric Lenoir nous livre un roman profond et émouvant, dans la veine initiatique de L’Oracle della Luna ou de L’Âme du monde. Dès l’instant où il a connu l’issue de sa maladie, sa mère l’a sécurisé. B. C. : Il y a beaucoup de petits quelque chose… Avec l’âge, je risque d’éprouver du plaisir à l’isolement. Donc, oui, il y a eu ces mains tendues, ces rencontres qui m’ont permis de grandir. Parce qu’à 50 ans, ils ont résolu en grande partie leurs problèmes, ils vont beaucoup mieux avec eux-mêmes et avec les autres. Cela dit, j’ai quand même perdu une amie pour des raisons d’argent. J’ai réalisé ce rêve fou. debout, hébété. Spinoza, lui, réconcilie le corps et l’esprit. Elle ne voulait pas s’attacher à l’autre enfant, c’est-à-dire moi. B. C. : C’est faux ! Il a publié plusieurs ouvrages de sociologie et d’histoire des religions[2], des romans traduits dans une vingtaine de langues, des livres sur les crises du monde qui appellent à une responsabilité individuelle et collective[3] et des essais qui popularisent la philosophie auprès d’un large public[4]. Après son baccalauréat, il suit de 1980 à 1985, des études de philosophie à l'université de Fribourg, en Suisse, où il rencontre Emmanuel Levinas et Marie-Dominique Philippe[1]. Déjà … Et cette représentation – celle du bonheur, ou plus exactement de la « bonne heure » – va m’aider quand j’aurai un pépin. Select from premium Frederic Lenoir of the highest quality. Comment va-t-on faire ? 35 ans que Frédéric Lenoir pratique la méditation. Ce dernier lui fait découvrir la Communauté Saint-Jean qu'il a fondée en 1975. J’ai trouvé une paix profonde en moi, je voudrais que les autres le puissent aussi. Quand j’étais enfant, je pensais que tout ce qui m’arrivait était une malédiction… j’étais juif, j’allais donc mourir. Et donc sur la cause animale qui me tient à cœur, j’ai écrit un livre, j’ai créé une association, je milite pour essayer d’avoir un impact sur le réel plutôt que de le subir. La transmission passe par là. En France, je pense qu’on cultive – de même qu’on est cartésien – cet esprit critique. Mais dans la représentation, elle perdure. Et puis, il fallait absolument que je devienne écrivain, comme Georges Perec, pour, comme il l’écrit dans W ou le souvenir d’enfance, offrir une sépulture à mes parents. F. L. : Je pense que j’étais en colère contre la vie pendant très longtemps (pourquoi ce père, pourquoi cette mère, pourquoi cette souffrance ? Des rencontres extérieures à ma famille aussi. - ℹ - Biographie : Essayiste et journaliste français (1962- ). F. L. : La religion n’étant plus là, c’est vrai, pour la majorité des Occidentaux, c’est plus dur à vivre. La jeune femme sortit de sa yourte et contempla le ciel étoile. C’est là-dessus qu’on peut travailler, et on peut tous le faire. Les traces ne disparaissent jamais, mais la connotation affective de la trace peut changer. Celui-ci lui a dit : « Le temple est là, l’église est là, la synagogue est là, choisis. Je crois évidemment que le bon chemin est celui de l’équilibre. Ce phénomène, on le photographie, on le mesure. Par exemple, aujourd’hui, les mères sont souvent seules, isolées avec leur bébé. Il faut accepter ce sentiment d’ambivalence : il y a toujours quelque chose d’heureux à piquer même dans le malheur. Ce n’est pas une vue de l’esprit, les neurosciences le confirment maintenant. Et ce qui fait qu’après une vingtaine d’années de quête et de travail sur moi, j’ai appris à aimer la vie de manière inconditionnelle. Des ouvrages qui ont connu un fort succès en librairie. Ce parcours, et les explications qu’il a su donner sur celui-ci ont remis beaucoup de personnes qui souffraient sur un chemin d’espoir. Tous droits réservés. Frédéric Lenoir est un écrivain, philosophe et conférencier français né à Madagascar en 1962. Cela m’a toujours empêché de penser qu’il y avait le mal radical d’un côté, et le bien radical de l’autre. Qui est Frédéric Lenoir ? Frédéric Lenoir, philosophe, historien des religions et chercheur associé à l'École des hautes études en sciences sociales. B. C. : Cela m’est arrivé récemment. Et quand j’étais enfant, je n’avais que des vieux autour de moi, maintenant je n’ai que des jeunes autour de moi. Dans son désespoir, elle a vraiment ressenti cette année comme la plus belle histoire d’amour de sa vie… Et je comprends aussi très bien Frédéric lorsqu’il nous dit que, malgré la mort, sa femme est encore présente. Même quand j’ai fait médecine, on continuait de me dire, parce que je ne touchais pas de bourse et que je travaillais donc en même temps, que je n’y arriverais pas. Touché par le message des Évangiles, il y passera trois ans tout en poursuivant ses études de philosophie[9]. Après la Seconde Guerre mondiale, il y a eu très peu de syndromes post-traumatiques pour les enfants juifs qui sont allés aux États-Unis, comparé aux enfants restés en Europe. B. C. : Germaine Tillion dit la même chose qu’Etty Hillesum. Frédéric Lenoir a reçu de nombreux prix en France et à l'étranger, parmi lesquels : Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre. Et avec la vieillesse, je suis de plus en plus charmé par les enfants. Au cœur d’une même lucidité, l’optimiste voit toujours une solution, là où le pessimiste ne voit que les dégâts, la part sombre de l’humanité. Ma femme dit que je suis un « narapoïaque » : les paranoïaques sont ceux qui pensent que tout le monde leur veut du mal, moi je pense que tout le monde me veut du bien ! Mais j’ai travaillé autour de cet événement, et j’ai réussi à métamorphoser la représentation de ma mémoire. Quand je parle avec vous, vous êtes coauteur de mon discours, vous hochez la tête, vous souriez… même sans dire un mot, vous participez à mon discours. Ma mère, quant à elle, était certainement aimante, mais elle ne le manifestait pas du tout, parce qu’elle avait reçu une éducation catholique extrêmement stricte, dans laquelle il ne fallait ni toucher ses enfants ni leur dire qu’on les aimait. Elle est à Ravensbrück, où elle est humiliée, souffre de la faim, des coups. Son premier livre de méditations pour adultes est accompagné d’un CD guidé par l’auteur et mises en musique par Logos (Stephan Sicard), le plus célèbre compositeur français de musique méditative. Avant-propos Aussi loin que remontent mes souvenirs, j’ai toujours été touché par la beauté du monde. Même si la douleur est omniprésente, comme dit Bouddha, vous pouvez travailler sur celle-ci par le regard que vous portez sur elle. Johanna, archéologue médiéviste, tente d'y établir la vérité sur les origines controversées du culte de la sainte. Il y a une sorte de paix, je dirais même de joie qui a accompagné la tristesse. À la fin de la conférence, plusieurs personnes sont venues me voir pour me dire qu’elles avaient vécu la même expérience, sans jamais oser en parler, parce que, socialement, ce n’est pas admissible. Cela fait 35 ans que je pratique la méditation et que je fais ce travail sur moi qui m’a permis de transformer complètement ma relation à la vie. Je rêve encore pour les 50 ans qui viennent à la même chose ! Frédéric Lenoir, le quadrant Nord Ouest, nocturne, constitué des maisons 4 5 et 6, prédomine chez vous : il s'agit d'un secteur qui privilégie la création, la conception et l'approfondissement ou l'apprentissage dans un souci de service à autrui, en faisant la belle part au relationnel. Sept sages venus des quatres coins du monde se réunissent pour transmettre à deux jeunes adolescents les clés de la sagesse universelle. Un de mes amis est parti aux États-Unis et a été accueilli, à Philadelphie, par une famille, dont le père était camionneur. Mais c’est plus difficile de trouver une spiritualité personnelle que d’hériter d’une spiritualité intégrée dans un système religieux qui vous donne une explication à tout. [...] Je reproche à cette pensée du bonheur d’oublier le négatif : la vie est un lot, avec du meilleur et du pire. Parce qu’il m’éclaire sur une manière sombre de regarder l’humanité. ), et puis, progressivement, j’ai compris que, peut-être, si j’en étais là, c’est aussi parce que j’ai eu ce père et cette mère qui m’ont permis de me poser ces questions, et puis surtout parce que j’ai eu de vrais secours dans la vie. Méditer à cœur ouvert, Frédéric Lenoir, NiL Éditions, 176 pages, 19 euros. Il a freiné, quasiment empêché le démarrage de la psychologie et de la psychiatrie. Et là-dessus, je pense que la raison joue un rôle. Ayant eu une enfance blessée et non secourue, je suis prisonnier de mon passé, j’ai donc une probabilité de souffrir davantage si je reçois un coup (le deuil, l’échec aux examens, une rupture sentimentale, etc.). B. C. : Quand j’ai été arrêté, en prison, pendant la guerre, j’ai compris que ma famille avait disparu et qu’on allait me tuer. Une fois l’hébétude passée, je me suis dit qu’il fallait que je m’engage, parce que si je me taisais, je me faisais complice. Je me dis que ce sera une autre forme de fragilité, elle sera physique, alors que j’ai connu des fragilités psychiques qui étaient très lourdes. Et donc je me suis dit qu’il fallait que je le lise. Et sa mère l’a accompagné jusqu’à sa mort. Pour la plupart des hommes, le bonheur ne devient concret que lorsqu'il est perdu. À l’occasion de la parution de son album de voyage, rencontre avec un philosophe mystique qui aime tant le Mont-Saint-Michel qu’il en a fait un roman !

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